Depuis près de deux ans, il est interdit d’utiliser des produits phytopharmaceutiques tels que des herbicides, des insecticides et des fongicides dans les espaces publics wallons. Tout bénéfice pour la biodiversité et notre santé.
Cette interdiction récente a accéléré l’évolution dans l’entretien des espaces verts et l’évolution du métier de jardinier d’entretien qui est amené à intégrer de nouvelles connaissances et compétences. Une évolution qui nécessite également de sensibiliser le public au retour de la nature en ville pour poursuivre l’indispensable mutation des paysages.
Contexte légal wallon
Pour les Services publics :
- Depuis le 01/06/2019, il est interdit d’utiliser des produits phytopharmaceutiques (PPP) tels que des herbicides, insecticides et fongicides. Quelques exceptions existent cependant, celles-ci nécessitent une dérogation.
- Les produits dits « bio » sont soumis aux mêmes règles.
- Les produits « naturels » tels que vinaigre, sel, eau de javel, sont interdits en désherbage.
Pour les entreprises de parcs & jardins :
- Depuis le 01/09/2014, il est interdit d’appliquer des PPP sur les terrains no-cultivés reliés à un réseau de collecte des eaux pluviales ou bordant des eaux de surface et respect de zones tampons.
- Depuis le 01/06/2018, il n’est plus permis de pulvériser dans les parcs, les jardins, les espaces verts, les terrains de sport et de loisirs publics ou privés ouverts au public.
- Depuis le 01/06/2019, il en est de même pour les espaces publics.
- Cela reste possible chez le particulier si les entreprises détiennent une phytolicence et respectent la législation (zones tampon, cours d’eau, …).
En ce qui concerne le public vulnérable et les lieux ouverts au public :
Depuis le 01/06/2018, il est interdit d’utiliser des PPP dans des espaces publics ou privés accueillant un public vulnérable (enfants, personnes âgées, personnes malades, …), à moins de 50m de bâtiments fréquentés par ce public, à moins de 10m des aires de jeux et espaces aménagés pour la consommation de boissons et de nourriture ouverts au public ; ainsi que dans les espaces verts et terrains de sport publics ou privés ouverts au public.
Ces nombreuses contraintes législatives obligent les utilisateurs de PPP à se tourner vers d’autres méthodes plus respectueuses de l’environnement et de la santé de tous, telles que la Gestion différenciée.
Qu’est-ce que la Gestion différenciée des espaces verts ?
Elle consiste à adapter le mode d’entretien d’un espace vert à sa fonction (terrains de sport, parc, sentier, …) afin de respecter au mieux l’environnement et la santé humaine.
Il s’agit d’un mode de gestion en fonction des espaces.
La Gestion différenciée, c’est gagner du temps pour le redistribuer ailleurs !
Objectifs et bénéfices
- Favoriser la biodiversité.
- Réduire les pollutions.
- Optimiser le temps d’entretien.
- Améliorer l’efficacité, l’organisation du travail.
- Inciter d’autres personnes à utiliser des méthodes alternatives (citoyens, entreprises, …).
- Se donner une image plus verte.
- Réduire les coûts.
- Contribuer à l’adaptation au changement climatique (lutte contre les îlots de chaleur urbains, les inondations).
La Gestion différenciée répond également à des enjeux mondiaux tels que la lutte contre les pollutions et les dangers des pesticides pour la santé et l’environnement, le déclin de la biodiversité, la volonté citoyenne grandissante.
En pratique
La mise en œuvre d’une gestion différenciée se concrétise par des actions préventives pour éviter de désherber telles que le paillage des sols, la pose de bâches, les plantes couvre-sol, les revêtements perméables, l’enherbement, la tonte différenciée, le fleurissement vivace, l’éco-pâturage, les haies libres, …
Elle vise aussi des actions curatives telles que le désherbage manuel, mécanique ou thermique.
Et pour la tolérance à la végétation, pourquoi ne pas accepter quelques « mauvaises herbes » ?
Réfléchir préalablement à l’aménagement des espaces constitue la 1ère démarche à effectuer ! Il faudra ensuite budgétiser les coûts liés à l’achat de matériel et machines spécifiques, mais aussi à la main d’œuvre nécessaire.
Qui est concerné ?
- Les concepteurs d’espaces verts (architectes-paysagistes) œuvrant pour le secteur public (SPW, Provinces, Villes et Communes) mais aussi privé
- Les responsables de service et les chefs d’équipes espaces verts coordonnant l’action sur terrain
- Les ouvriers espaces verts assurant le suivi sur terrain
- Les entrepreneurs privés de parcs & jardins
- Les ouvriers d’entreprises privées de parcs & jardins
- Les professionnels des terrains de sport publics et privés (terrains de golf)
Que propose le FOREM ?
Une formation d’ouvrier d’entretien d’espaces verts spécialisé en Gestion différenciée a débuté en mars dernier au sein du Centre de Compétences Secteurs Verts, celle-ci est programmée jusqu’en septembre prochain. Huit demandeurs d’emploi suivent actuellement ce parcours de formation professionnelle.
Il s’agit d’une formation accessible aux demandeurs d’emploi qui alterne durant six mois des stages pratiques en entreprise ainsi que des formations théoriques et pratiques en Centre de formation mais aussi sur terrains publics encadrés de plusieurs intervenants professionnels extérieurs.
Quel bénéfice pour l’emploi ?
La Gestion différenciée des espaces verts fait appel à de nombreuses connaissances spécifiques pour en optimaliser l’action. Les fréquences d’intervention sont plus élevées qu’en lutte chimique traditionnelle, ce qui nécessite un surcroît de travail d’agents qualifiés formés à ces techniques.
Le Centre de compétence Forem Secteurs Verts forme aux divers métiers des secteurs agricoles, horticoles, parcs et jardins, travaux techniques agricoles et horticoles. Ces secteurs comptent près de 30.000 emplois répartis dans les productions maraîchères et fruitières, les services de remplacement agricole, les parcs et jardins et les travaux saisonniers.
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Pascal Van Ceunebroecke
Formateur Espaces Verts
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